I- Aurai-je commis l’irréparable…
Je n’arrive pas à décrire ce qui se trame dans ma tête
Un nombre incalculable de pensées que rien n’arrêtent
Je n’avais jamais atteint ce niveau de cogitation
C’est un niveau qui a su dépasser toute mon imagination
J’ai perdu tous mes repères, je ne reconnais plus ma direction
Je ne sais plus où je vais, ni où je mets les pieds
Je ne me suis jamais senti aussi déboussolé
Et voilà que maintenant je ne contrôle plus mes émotions
Quoi que je fasse, il y a la culpabilité qui me ronge
Autour de moi j’ai causé beaucoup de tort, ça me démange
On dit qu’on ne récolte que ce que l’on a pu semer
Je suis seul responsable de ce qui m’arrive, je n’ai qu’à assumer
J’aurai commis, selon elle, et malgré moi, le péché le plus lourd
En transgressant soit-disant les interdits de l’amour, quel putain d’amour ?
Je ne cesse de penser, mais je ne pense qu’à ça, je me hais, je pense qu’à elle
Il faut dire que dans ma tête tout est chamboulé, c’est le bordel
Je pense à tout ce que j’aurai pu être, et que je serai jamais
Je pense à toute la vie devant moi qu’elle a enterrée
Je pense aussi à tout ce qu’on a été, mais qui aurait su
Je me demande si tout est ma faute, ou si c’est la vie, et ça me tue
On dit que l’erreur est humaine. Tout le monde peut se tromper
Et moi, je l’ai épousée pour ensuite la tromper
Pas la trahir, juste baiser pour me sentir vivant, je voulais pas la tromper
Peut-on réellement prétendre toujours aimer l’autre si on arrive à le tromper ?
J’avais juré de ne jamais la faire souffrir
Car elle m’avait dit comme dans les films qu’elle pouvait de chagrin, mourir
Mais ceci n’est pas un film Sundance, c’est la vraie vie de chien
Où chacun survit comme il peut, en quête du tout ou du rien
Pourtant..
II- Tout commence par une rencontre
C’est par pur hasard chez un ami, que je l’avais rencontrée
En la voyant la première fois, je suis resté subjugué
« Comment avait-il osé me cacher une telle beauté
Plus une minute à perdre, il fallait me la présenter »
Elle a un de ces sourires qui vous charment
Il a suffit d’un regard pour qu’elle me désarme
On avait littéralement pas grand-chose en commun
Elle semblait pure, angélique, bienveillante et on me surnommait le diable
Parce que pour arriver à mes fins j’étais même capable d’inventer des fables
Parce que le monde était à mes pieds, pendant qu’elle se contentait du simple et commun
Je sais pas pourquoi elle, y a de ses choses qui s’expliquent pas
Mais ce soir là, un truc juste à la vue de sa gueule chimiquement s’est produit en moi
C’était même pas le désir bestial, mais une envie de plus
Même pas de plus c’est ça le pire, peut-être la revoir, rien de plus
D’habitude, pour aborder les filles j’ai une incroyable aisance
Je me pose pas mille questions, je fais connaissance
Voilà que devant elle je bégaie, manque d’assurance
Comble de la chose, elle me répond, je rougis presque. Timidité de l’enfance ?
Pour mes excellentes capacités de séduction j’avais bonne réputation
Mais cette créature m’avait fait perdre, à moi tombeur invétéré, tous mes moyens
Jamais de la vie je ne m’étais confronté à une telle situation
Pour la première fois, une femme m’intéresse pour autre chose que ses seins
De la grâce et la douceur elle était l’incarnation
J’avais mordu à son hameçon au bout de quelques minutes de conversations
En temps normal, je n’entends même pas ce qu’elles disent, je ne pense qu’à les mettre dans mon lit
Voilà que je nous imagine main dans la main avec nos enfants. C’est la femme de ma vie
Tous les regards étaient posés sur elle. Elle est attirante
Elle a pas fait de longues études, mais elle est très intelligente
Elle aborde pleins de sujets et vannait mes potes avec une ironie épatante
Je ne sais pas ce qu’elle a de plus. Mais elle est différente
A la fin de la soirée, on s’est quittés, mes yeux brillaient
En sortant, les potes me regardaient avec des yeux tout écarquillés
Pour une fois je rentrais chez moi seul, sans minette trop maquillée
« Est-ce le coup de foudre? si c’est le cas, je suis grillé »
Une fois chez moi, j’essaie de dormir, mais je ne pense qu’à elle
J’essaie de m’occuper, je refais la vaisselle jusqu’à ce qu’elle soit niquelle
Je commence un bouquin, le trouve barbant, descend un paquet de Camel
Elle est devenue ma hantise, mon objet de convoitise. Et mon désir est charnel
J’avais tellement besoin de la revoir
Si possible, loin de la foule de l’autre soir
Je n’allais pas attendre de la recroiser dans une autre fête
Elle m’avait donné son numéro, je l’appelle pour une sortie en tête à tête
Et puis je me dis « C’est pas pour te décourager
Mais, mon gars, qui te dit qu’elle est intéressée
Sérieusement, si jamais elle refusait ? »
Bon allez, courage, j’arrête de stresser ..
Rien que pour composer son numéro, ça m’a pris des heures
J’espérais, plus que tout tomber sur son répondeur
Je savais quoi lui dire, c’était pas ça le problème, mais dans mon for intérieur
J’avais peur qu’elle ne croit être qu’un trophée de plus que j’accrocherai à mon mûr de tombeur
Ca sonne, elle décroche _« Allô, qui c’est? »
« Euh..oui…allo… c’est moi, tu me reconnais? »
« Non… enfin oui. Tu te rends compte de l’heure qu’il est »
« Il est tard, en effet. Me dis pas que tu dormais? »
« Oui, et je vais y retourner. Si tu veux, rappelle moi après »
J’ai tellement rien compris à ces signaux mixtes que j’ai jamais eu le cran de rappeler
Et vous savez quoi, trois jours après. C’est elle qui l’a fait
C’est même elle qui a proposé qu’on aille prendre un café
Et depuis ce jour là, prévisible, j’ai eu du mal à la quitter
Jusqu’à ce que…je commette l’irréparable
III- Ensemble, amoureux.
Tous les mots du monde ne suffiront pas à décrire sa beauté
Belle, elle ne l’est peut-être pas aux yeux de tous, mais à mes yeux, elle l’est
Ce que j’admire le plus chez elle, c’est sa simplicité
Je vous donne un exemple, j’en ai même plusieurs à citer
Je dirai pas que je suis riche. Bon d’accord, mn père d’abord moi ensuite, je l’avoue
Mais elle n’y accorde pas beaucoup d’importance. A vrai dire elle s’en fout
Ca n’a jamais servi à rien que je la comble de cadeaux
Des fringues, des bijoux, des sacs. Les grandes marques, ça l’intéresse pas trop
Une fois je l’ai invité à dîner, j’ai, genre, sorti le grand jeu
Je l’ai emmené au resto le plus chic de la ville
Une fois arrivés, elle me dit : « Arrête avec tes manières de prétentieux
Et ne cherche pas à m’impressionner avec le matériel, c’est inutile
Tu es si attentionné. ça me fait tellement plaisir
Mais je t’aime pour ce que tu es, non pour ce que tu peux m’offrir
Tu m’as redonné goût à la vie, grâce à toi j’ai recommencé à sourire
Prends moi telle que je suis, dans mes meilleurs jours et … dans les pires
Je suis convaincue d’une chose, tu es peut être l’homme de ma vie, c’est dans tes bras que je veux périr
Je t’aime car je sais que tu m’aimes aussi, et que tu ne me chercheras pas à me faire souffrir «
Alors on a mangé dans un bon kebab au bord de la mer, elle dans sa robe moi dans mon costard
Mon dieu ce que c’était bon, ça n’aurait pas été mieux dans mon resto de stars
Puis nous sommes descendus admirer les vagues, sa robe flottait, on s’embrassait
Elle souhaitait mourir dans mes bras et moi, étouffé par ses baisers
Derrière tout grand homme se cache une femme, je dois à la mienne tous les honneurs
Je ne croyais en rien sauf en moi, étais arrogant et égoïste. Elle m’a rendu meilleur
J’ai même arrêté de fumer. Elle a opéré en moi une douce métamorphose
Pour la remercier j’ai pensé à un diamant. Elle, on ne se refait pas, à un bouquet de roses.
Avec elle, le temps passe vite, et ne connait pas la routine
Elle était pour moi, en même temps ma mère, ma maîtresse et ma meilleure copine
Traitez moi de gamin romantique si vous voulez, mais c’était ma moitié
J’ai pas attendu longtemps pour lui mettre la bague au doigt. Après quelques mois, nous étions mariés
IV- Révélation
Après notre retour de la lune de miel
Un changement s’est opéré en elle
Elle avait l’air de broyer du noir
Et la nuit, elle faisait plein de cauchemars
Quelque chose la tracassait
Je l’ai supplié de me dire ce que c’était
Elle refusait toujours d’en parler
Je n’ai donc pas insisté
Un soir, j’étais devant la télé, elle l’éteint : « Il faut que je te parle » a-t-elle dit
« Il faut que je te raconte l’enfer dans lequel j’ai grandis »
Elle n’y est pas allée par quatre chemins. Elle lâcha la bombe » J’ai subi l’inceste »
« A cause de ça, » a-t-elle continué, « je me sens sale. J’empeste
J’ai cru que la première fois allait être la dernière. Ca a duré des années
Je vivais dans la peur. J’étais traumatisée. J’ai jamais pu le dénoncer
Il m’a réduite à néant. Par moment, j’aurai préféré être tuée
Oui j’ai bien réussi ma vie, mais quoi que je fasse, je n’arrive pas à oublier
Comprends moi, mon enfance et mon innocence m’ont été volées
Ma blessure est trop profonde. Elle ne guérit pas, même après tant d’années
Mon passé me suit tel une ombre. Je l’ai laissé être l’acteur de mon avenir
Mais tu as redonné un sens à ma vie, je te l’avais dit un jour, grâce à toi j’ai pu de nouveau sourire
Je t’avais demandé de me prendre telle que j’étais, dans mes meilleurs jours et… dans les pires
Sur le moment, tu n’avais pas compris, ça t’avait même fait rire
Je vais mal, dans ma vie il n’y a qu’une saison, à plein temps c’est l’orage
J’essaie de m’en sortir, d’avancer, mais ma route est pleine de virages
Avec toi j’avais espoir de déchirer cette page, de l’effacer du bouquin
Mais … Mon passé m’obsède. Il me hante. Je n’y peux rien
Oui je sais que l’essentiel, c’est que je sois en vie
On n’a pas cessé de me répéter que ça n’avait pas de prix
Maintenant tu sais tout, tu peux partir ou rester. La décision t’appartient
Sache simplement que tu es mon unique raison de vivre, sans toi je ne suis plus rien
Sans toi, j’aurai pu avancer l’horloge de mon destin »
Je suis connu pour mes beaux discours
Ils ne trouvent jamais de mal à séduire toute une cour
Mais là il s’agissait de ma femme, de mon amour
Et ma gorge était sèche, j’avais besoin de faire un tour
Mais Je lui ai parlé, à mon retour :
« Te quitter? Après ce que tu as subi? Il en faut plus pour que je te laisse tomber
Je serai là pour toi, présent à tout moment, comme tu l’as toujours été
Il n’y a pas qu’une saison, mais quatre, ton orage je le calmerai
Il passera inaperçu devant ce que je te réserve : printemps fleuris et étés ensoleillés
Je ne sais pas ce que tu veux dire par avancer l’horloge du destin
Le destin échappe à notre contrôle. Et tu n’es qu’un être humain
Tu mérites d’être heureuse, n’enterre jamais l’espoir
Pour survivre, il faut commencer par le vouloir
En ce qui me concerne, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir
Pour que tu puisses retrouver la paix intérieure, tu vas voir
Cette saleté de criminel pourrira en taule pour tout ce qu’il t’a fait subir
Je ferai de sa vie un enfer, l’ordure, au point qu’il veuille mourir »
« Tu ne me feras jamais souffrir? Promets le moi »
« Non jamais, je te le promets. Sèche tes larmes. Ne t’en fais pas »
V- Malheureuse
Après notre rencontre, elle prétendait avoir retrouvé la paix
Joie de vivre, gaieté et sérénité, en elle s’étaient installés
Elle a cru qu’enfin, et pour de bon, tout avait changé
Mais ses démons n’ont pas tardé à la rattraper
Comment ai-je pu ne pas remarquer l’état dans lequel elle était
J’étais fou de croire qu’il y avait une chance que son état puisse s’améliorer
Cela a pris moins de temps que ce que j’avais cru
Mais la femme que j’aimais avait bel et bien disparu
Chaque jour, davantage, elle abandonne
Et donc chaque jour, davantage, elle m’abandonne
Pour ensuite me dire qu’elle a peur que je l’abandonne
Elle n’hésitait plus à fouiller même dans mon téléphone
Dévoilant au fil des semaines une nouvelle face d’insécure petite garce
Je l’aime, c’est sûr, mais celle qui m’a rendu dingue disparait et s’efface
C’était facile de voir qu’elle allait mal, sans être enquêteur
Facile aussi de voir que dans ses yeux, il n’y avait plus aucune lueur
Le bonheur semblait lui avoir tourné le dos
Si je pouvais l’acheter, j’y aurai mis toute ma fortune, jusqu’au dernier euro
Vous prendrez sûrement ça pour un cliché
Mais après sa révélation, je me levais en premier, rien que pour la contempler
Je lisais du chagrin sur son visage. C’est une femme brisée
Une gracieuse porcelaine, fragile. Cassée par son passé
Y a pas pire sensation au monde que vivre une dépression par procuration
Car l’amour c’est beau quand ce n’est que sex, flamme et passion
Mais il devient dur lorsqu’il requiert don de soi et compassion
Au point de te déboussoler au milieu de mille et une paradoxales sensations
Je l’emmenais en voyage à la moindre occasion
Même s’il serait plus correct d’appeler les voyages: évasions
Loin de tout, loin de tous. On est parti voir les koalas, des animaux rares
Elle s’extasiait devant eux. Et moi devant son rire. Car croyez moi, il se fait plus rare
Je ne supportais pas de la voir comme ça. Et ça me déchirait le cœur,
De constater que je ne pouvais rien faire pour apaiser sa douleur
Elle feignait le bonheur pour moi, mais était malheureuse
Je le feignais aussi pour elle, mais elle me rendait malheureux
Elle allait au boulot, sortait. Je ne dis pas qu’elle ne faisait plus rien de sa vie
Mais au fond, je pense qu’elle ne se rendait pas compte qu’elle était en vie
Elle semblait déconnectée de ce monde, ne faisait pas de projets, n’avait pas d’envies
Il suffisait qu’un ami me parle du dernier film qu’il a vu avec sa femme, pour que je l’envie
Comme la lune, elle changeait, suivant les périodes
Mais même la lune devient croissant, et arbore un beau sourire à cette période
Elle dormait paisiblement la nuit, mais je n’arrivais jamais à trouver le sommeil
Je pensais au moyen d’honorer mes promesses d’étés et de soleils
J’ai fait venir le meilleur psy
En espérant qu’il mette un terme à ses soucis
Il a jeté l’éponge après quelques séances
«Elle a pas envie… » m’a –t-il dit. Je me suis rendu à l’évidence
Il n’y avait clairement pas de moyen
Rien ni personne ne pouvait quelque chose pour elle, à par elle, personne ni rien
Car quand la plaie est visible, elle est facile à recoudre
Mais quand elle vient de l’intérieur, c’est un mystère à résoudre
Il ne faut pas prendre à la légère le mal-être d’un enfant, sous prétexte que c’est qu’un enfant
Et sa blessure. Il peut ne pas s’en remettre, elle peut ne pas cicatriser, même après tous ses ans
Et celui-ci devient, non pas dans le bon sens, un grand enfant
VI- Karma : La roue tourne
Elle ne prenait plus soin d’elle. Ses dents avaient jaunis
Elle avait perdu toutes ses belles et uniques manies
Son regard s’était éteint, et elle n’abordait plus aucun sujet avec ironie
Me voilà donc, décidément, à cent pour sûr pris pour acquis
Elle redoutait tout son passé, et semblait y inclure le notre. Tout était fini
J’avais presque envie de me punir de m’être engagé aussi tôt
Mon intention était bonne, mais là clairement faisait de moi un sot
Des fois je me rappelais qui j’étais, un lion, honnête d’abord, avec le luxe de choisir
Décider de ma journée, mes pensées, qui caresser ce soir car je kiffais ça… faire rugir
Il n’y avait pas de doute là dessus, elle m’aimait
Elle est là devant moi. Pourtant, elle n’arrête pas de me quitter
Elle vit dans un monde qui lui est propre. Auquel je ne peux accéder
Et sans elle, mon monde à moi n’arrivait pas à tourner
J’étais tiraillé entre vouloir qu’elle aille mieux, et vouloir me tirer
Je me sentais lâche, incapable, diminué et dévalorisé
En même temps la conscience tranquille, car je me démenais pour elle
Mais je me rendais compte de plus en plus, que l’égoiste c’est elle
Peut-être que vivre l’inceste peut en effet faire d’elle une putain de victime
Mais qu’en est-il de l’après, des bénédictions, de l’amour, de la vie
Qu’en est-il d’avancer? Juste me voir, sentir que j’essaie moi, existe, que je survis
Elle comprend pas qu’à 30ans le bourreau maintenant c’est elle, et j’étais aussi sa victime
Des jours, des semaines et des mois sont passés
La lourde et envahissante routine a trouvé refuge en notre foyer
Elle a pourtant pris du temps pour arriver, elle a cherché et cherché
Mais quand elle nous a retrouvés, elle a juré de plus nous quitter
Une Camel au bec, je lui raconte mes journées, la met au courant des dernières nouvelles
Elle est présente, vivante. Mais inconsciente. Elle ne me parle pas, et ne m’entend pas
Comme en état de mort cérébrale. Elle respire, mais ne fait que ça
Mais elle est surtout inconsciente du mal qu’elle cause autour d’elle.
On s’est mariés, ensemble on s’est projetés…on a parlé d’avenir
Deux enfants, une fille d’abord, puis un garçon
Mais ces projets ne semblent plus être que des souvenirs
Tous ces rêves, nos aspirations semblent derrière nous maintenant
Car dans mon for intérieur, je l’aime certes, mais ne supporte plus tout ça
J’en veux plus de cet amour, je préfère être seul si l’amour c’est ça
Une fois, je lui ai parlé de la nouvelle commerciale, qui n’arrêtait pas de me tourner autour
Je lui ai dit qu’elle me séduisait à chaque occasion, un vrai vautour
Elle ne semblait pas être inquiète, elle affirmait ne pas douter de mon amour
Mais si j’étais elle je m’inquiéterai. Après tout je suis qu’un homme, et pas des moindres, à qui sa femme fait rarement l’amour
Cette nana était cheap mais super bonne. Une autre minette trop maquillée
Pas à la hauteur de mon amour du début. Mais le zombie d’aujourd’hui, elle n’avait rien à lui envier
Elle savait que je savais qu’elle me faisait du gringue
C’était chaud. Elle me faisait du pied en pleine conférence. De quoi me rendre dingue
Cette minette craquait clairement pour mon compte bancaire, avant même ma belle gueule
Au point où j’en étais, pour être franc, ça n’avait pas de quoi me déplaire
Je rentre chez moi, retour à la réalité. Je vais encore m’en prendre plein la gueule
Décidément, mon compte est plein à craquer, mais ma vie est dans une situation précaire
Car ma femme, elle m’embarquait avec elle dans son autodestruction
Je me laissais avaler et engloutir, sans émettre d’objection
Maintenant je la soupçonne de se faire vomir
Parfois, elle perd même connaissance, on dirait qu’elle y prend du plaisir
Je ne pouvais plus continuer comme ça
Mon dieu, des fois j’éprouvais de la haine, j’avais plus à endurer ça
Elle fait que dalle pour aller mieux, je ne reconnais plus cette femme
Evidemment que c’est diabolique ce qu’elle a vécu, mais à ce même diable, elle avait clairement vendu son âme
Ne choisissant de ne rien voir de beau dans sa vie si ce n’est ce drame
Oui, j’ai juré de ne pas la quitter, me suis engagé
Mais je jure que je n’ai plus la force d’encaisser
Oui, j’ai juré de ne pas la faire souffrir
Mais moi aussi je souffre, doublement même. Je souffre à en mourir
Quelque chose en cette commerciale junior m’attirait
Elle me rappelait moi, à la belle époque. Elle savait ce qu’elle voulait
En déplacement dans une autre ville, loin de tout. Il fallait en profiter
Après tout, ça va pas loin avec les michtos, et je ne cherche qu’à me changer les idées
On dîne seuls au restaurant de l’hôtel, elle me regarde, je lui propose un dessert
Elle accepte, « à condition que ça soit dans ta chambre qu’on le serve »
Alors on monte, pas la peine de vous faire un dessin
Et c’est là que j’ai eu la certitude, qu’on n’a aucun contrôle sur le destin
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Voila que s’ouvre la porte de la suite, « Chéri, je suis enceinte de ton enfant
C’est la raison de toutes les nausées, et tous les vomissements
Je n’ai jamais été aussi heureuse, j’ai retrouvé ma joie de vivre
A partir de cet instant, ensemble on commence un nouveau chapitre »
Elle entre dans la chambre. Ensemble dans le lit, elle nous surprend
Elle me regarde. Puis elle court, sans un mot, se jette du balcon
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En un instant, tout a basculé
En un instant, ma vie s’est arrêtée
J’avais pourtant juré de ne jamais la faire souffrir
Elle l’a pourtant dit, et répété, qu’elle pouvait en mourir
Tout s’est passé tellement vite. A la vitesse de l’éclair
Je suis resté planté là
Nu sous le drap
Payant cher, très cher, le prix de mon adultère
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Egoiste… J’ai aimé de tout coeur une égoiste…
Car quand beaucoup pourraient juste vouloir une séparation
Un divorce..Elle, c’est de la vie qu’elle a demandé le divorce
A croire que ça aurait pas été ce que j’ai fait, ça aurait sûrement été autre chose
Prouvant que ni l’amour, ni le succès, ni le hobbie ne peut sauver du morose
Elle a osé, putain je tremble et j’ai la haine, dire avant de se jeter que ce bébé allait lui faire ouvrir un nouveau chapitre
Mon cul ouais. Alors qu’elle n’a même pas réfléchi une seconde avant d’ouvrir les vitres
Elle a osé me faire croire qu’elle m’a aimé un jour
Alors qu’elle n’a aimé que son drame à jamais pour toujours
Parce que, moi j’ai jamais jugé moi, jamais jugé moi, jamais jugé, mais combien de comme elles par ce genre de malheurs ou de viols ou de violence ont réussi juste à fortifier leurs putains d’âmes
Et elle se suicide? elle se tue? A CAUSE DE CA. Sans état d’âme????
Elle, qui manque de rien putain, a osé sacrifier sa vie, la sienne
Elle a tué mon bébé, MON BEBE, MON BEBE PUTAIN, ruinant à jamais la mienne
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Moi je pensais bien faire moi…et j’y ai cru naïvement en faisant d’elle mienne
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Elle m’a fait regretter d’être né, me faisant passer pour un criminel
Je suis traumatisé, détruit et tiraillé…
J’ai la haine putain, je la hais, c’est officiel, elle m’a tuée
En faisait de moi, égoiste, celui à cause de qui elle s’est tuée
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La roue tourne, une fois en ta faveur, deux fois pas
Elle tourne, et s’engage à te faire regretter le moindre faux pas
J’étais tellement dépassé que oui, je l’ai trompée j’ai commis ce péché
Mes proches et ceux qui m’aiment tentent tant bien que mal que j’ai pas grand-chose à me reprocher
Ils me disent que la faute de cet adultère est mutuellement partagée
Que l’erreur est humaine, surtout pour qui serait totalement dépassé
Que son problème était non pas qu’elle dépressive, mais sans aucune volonté d’avancer
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Ok mesdames messieurs, comme vous voulez
.
Mais allez m’enlever ce remord
Que je suis pas dans un sacré tort
Au point qu’elle se soit donnée la mort.
Pour l’avoir aimé donc, du plus profond de mon coeur je deviens elle maintenant. A l’intérieur, chui mort.
C’est fou, ce Karma. Cette force qui empoisonne, et fait des ravages
Elle tourne, aussi puissante qu’un ouragan. Elle avale tout sur son passage
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Mais après tout, la roue tourne, une fois contre toi, une fois en ta faveur
Elle tourne, et je rêve du jour où elle tournera pour calmer mes malheurs
Car si je n’attends pas forcément grand-chose, ni grand bonheur
J’espère juste cesser de culpabiliser, retrouver mon esprit, et l’espoir d’un peu de douceur.
Consommé par mon destin, décidément, aussi ampli de bonheur que d’aigreur
Ranya Sossey Alaoui
Casablanca, le 24 Octobre 2011